« Il pleure dans mon coeur » un clip sur l’émotion du confinement
Depuis le début du confinement, je perçois une sensation nouvelle: le quotidien n’est pas de tout repos, on marche à l’aveugle, on essaie de s’adapter, le temps semble parfois se dilater. Comme si le temps s’était mis en suspens.
Le 24 mars « le pendule » oeuvre poétique de l’artiste Roman Signer, s’est arrêté de battre la mesure. Cette oeuvre installée depuis 2012 dans le cadre du voyage de Nantes a pour fonction de marquer le temps comme pour rappeler le passé du lieu. Or depuis le 24 mars le temps s’est suspendu aussi pour ce pendule.
Ce même jour Silvano Santin, qui a choisi de publier une chanson par semaine depuis le début du confinement, me demande de réaliser le clip de la chanson « Il pleure dans mon coeur » le poème de Paul Verlaine. Il l’interprète sur une musique d’Antonio Santana. Cette chanson me semble étrangement d’actualité. Son interprétation est inspirante, alors que je connaissais ce poème, il me le fait entendre encore autrement.
Même si le confinement peut se révéler propice à la création, comment réaliser dans des conditions de confinée? Avec un matériel restreint, dans une période de mobilité extrêmement réduite, dans un territoire balisé. Bref dans ces conditions inédites il faut inventer! Et témoigner de toutes ces contraintes de notre époque actuelle.
Pour répondre à ce défi, j’ai opté pour le participatif: j’ai fait appel à plusieurs personnes confinées dans le monde, pour m’envoyer une vidéo de leur fenêtre et de ce qu’ils voient de celle-ci. J’ai reçu des images de Belgrade, de Berlin, de Tokyo, de Naples et de différentes villes de France. Fenêtre d’immeuble, ou de bateau dans un port confiné…. Noëlle D’Alsace a accepté de danser devant le pendule arrêté de Roman Signer. Et la danseuse Maria Danilova a repris des mouvements cloîtrée chez elle.
Grâce à la sensibilité du monteur Ivan Kuzmin, je veux traduire à travers toutes ces fenêtres, ce sentiment étrange partagé avec une grande partie de l’humanité, où l’on ne peut sortir que pour des raisons justifiées. Où le temps s’est arrêté mais où l’on a envie de se libérer de ce carcan casanier dans lequel nous ramène la maison. Nos fenêtres sont devenues importantes et de ces vitres en ce moment on observe la vie des éléments: vent, eau, végétation qui s’éveille en silence ou mégalopole qui se tait.
Juliette Allauzen (06/04/20)